Mesdames, mais surtout messieurs, voici la fin de la grande aventure de notre héros... mais le début de sa plus grande histoire. J'ai beaucoup changé le combat contre Mallyx, mais c'était pour mieux vous annoncer le début d'une aventure bien plus grande concernant Ethil, des Dieux, la Kryte, un ennemi mortel, ses amours, ses amis... et bien plus encore (comme sa mort par exemple 
).
Attention, la suite est longue, plus encore que la Fournaise. C'est épique, divin, sombre, mystérieux, grandiose... et glorieux. Ethil va devenir bien plus qu'un simple soldat défiant Mallyx, il va devenir un héros confronté à des doutes, des problèmes, et à ses propres émotions.
PS : Celui qui me retrouve le mot faisant allusion à Halo Reach gagne une exclusivité sur la futur d'Ethil 
NEWS : Fin de l'épopée, début d'une beaucoup plus vaste...A la porte de l’Angoisse, une grande armée s’assemblait. Les Oubliés et les membres de l’Ordre des soupirs avaient apportés des trébuchets, des balistes et d’autres armes de siège pour l’assaut final. La compagnie d’Ethil allait participer à la bataille, son rôle serait de traquer Mallyx à l’intérieur de sa forteresse pendant que la grande bataille se déroulait dans la plaine et dans la grande cour du bastion. La marche vers la forteresse prit plusieurs jours, en raison de la taille de l’armée et de la lenteur des machines de siège. Enfin ils arrivèrent devant la tour gigantesque, tellement près que le sommet en était à peine visible. Ethil crut apercevoir dans les nuages des tours et des maisons nacrées de blanc, mais la vision s’estompa aussitôt qu’elle fut venue.
L’armée s’installa, les machines furent armées et le siège débuta. Le premier boulet se fracassa contre la porte noire, bientôt suivi par des dizaines d’autres. Soudain des centaines de flèches noires jaillirent du bastion, la vague noire déferlant sur l’armée bien ordonnée. La riposte ne se fit pas attendre, et des flèches crépitèrent contre la Citadelle d’Ebène, atteignant parfois un margonite posté sur les remparts. L’assaut violent contre la porte continua, les boulets défonçant les battants créaient un bruit sourd à chaque instant. Puis le monde explosa, la porte vola en morceau et les Oubliés hurlèrent leur rage en rampant dans la cour. Ils furent accueillis par une volée de flèches maléfiques, puis repoussés hors de la forteresse par des guerriers d’élite de Menzies.
Ces soldats portaient des armures noires forgées par les meilleurs artisans que le demi-frère de Balthazar pouvait compter. Des mailles d’obsidienne coulaient sur les endroits non protégés, et chacun portait un casque terriblement beau accompagné de la marque de Menzies. Les Templiers Noirs, ainsi les appelaient t’on, portait des épées longues et nues, chacune était parcourues de runes de puissance et de destruction. La garde des épées ressemblait à un dragon à la bouche ouverte, les ailes s’étendant de part et d’autres de la poignée. Dans l’autre main, ils portaient des boucliers gigantesques avec une pierre au centre, un diamant noir gros comme la main et luisant d’énergie pure.
Les Templiers se frayèrent un passage dans l’armée des Oubliés, créant des explosions de lumière noire à chaque coup et repoussant des dizaines d’ennemis pour chaque soldat. L’un des Templiers aperçut Ethil sur la colline surplombant la plaine et la forteresse, et il fit signe aux autres membres de sa compagnie de le suivre. Ethil fit de même et fonça à la rencontre du soldat noir.
Il s’appelait Baner. Il était le chef de l’ordre des Templiers Noirs, les plus fidèles des soldats de Menzies. Sa vie était une triste histoire et son asservissement à Menzies était un tourment continuel. Il combattait « pour le plus grand bien », détruisant les vies des humains s’aventurant dans la Fissure du Malheur alors qu’il avait lui-même conquérit la Fissure. Il avait été un homme autrefois, un des champions de Balthazar. Il avait été le premier à conquérir la plaine de la bataille dans la Fissure et sa victoire l’avait transformé. Baner avait goûté à l’avidité de la grande forge de Menzies, chaque jour il tuait sans s’en rendre compte pour gagner plus de richesses. Bientôt il devint totalement soumis à son maître, jusqu’à ce qu’il fut totalement devenu le Templier.
Son maître, Menzies, l’avait mis sous les ordres de Mallyx. Un jour Mallyx l’avait convoqué dans sa forteresse, lui parlant de la guerre et d’un héros adverse nommé Ethil. Le seigneur de l’Angoisse lui avait fait prêter le serment d’abattre et d’écraser cet humain. Lorsqu’il avait croisé le regard perçant du rôdeur sur la colline, il sut que c’était lui. Il reconnaissait le regard d’un champion, il avait eu le même autrefois. Le Templier montait dans la cendre de la colline, percutant les Oubliés et les membres de l’Ordre des Soupir de son large bouclier. Quatre Oubliés lui barrèrent le passage. Empoignant fermement son épée, il l’abattit sur l’un des serpents. La lame déchaina un éclair de lumière sombre qui trancha et envoya valser le serpent sur des mètres et des mètres. Les autres Oubliés tentèrent de pourfendre le Templier. D’un coup de bouclier il fit sauter les lames des mains de ces adversaires. Il enchaina des mouvements élégants et précis de sa longue lame et tua les survivants les uns après les autres. Enfin la voie était libre. Ses alliés allaient derrière lui, le suivant jusque dans la mort. Il était un champion, un champion du Mal certes, mais un meneur charismatique. D’un geste, les Templiers Noirs se regroupèrent pour former une carapace de bouclier. Baner leva l’épée très haute et de leurs boucliers s’éleva un halo noir et protecteur. Le bouclier magique enfla jusqu’à faire des mètres de hauteur et de les entourer totalement. Les soldats d’élite entonnèrent un chant brutal de guerre, à chaque refrain le halo devenait blanc avant de retomber en puissance. Les derniers Oubliés – qui restaient bien plus nombreux que les quelques Templiers qu’il restait – percutèrent le mur de toute leur force. Pendant un moment les Templiers reculèrent sous le choc, puis le mur de bouclier se fendit et Baner sortit des rangs. Les premiers Oubliés furent surpris et Baner n’eut aucun mal à les tuer. Il abattait en quelques éclairs des dizaines d’Oubliés, avant que les autres Templiers ne referment les rangs pour le protéger. A chaque fois qu’il sortait son épée luisait de magie et son bouclier repoussait les assaillants. Il trancha d’un revers deux serpents avant de transpercer le cœur d’un autre. Son adversaire posa sur lui des yeux remplis de désespoir avant de s’effondrer.
Alors qu’il allait se retirer entre les boucliers de ses compagnons, une flèche de lumière fila près de son oreille et éclata le mur et le halo magique. L’explosion tua une dizaine de ses compagnons et la rage lui prit au cœur. Alors qu’il se retournait, il vit le rôdeur humain tirer une salve de flèches contre tout son ordre. Une des flèches se planta dans son bouclier encore levé. Baner monta vers sa proie, rencontrant deux guerriers humains. L’un portait une épée batarde et un bouclier primitif, l’autre disposait d’un marteau de fer et d’acier. Le Templier engagea la combat, et se rendit rapidement compte que ses deux adversaires étaient d’une autre trempe que les Oubliés. D’un mouvement du poignet, il para la lame et le marteau avant de détendre son bras à la vitesse de l’éclair sur le guerrier au marteau. Celui-ci esquiva habilement et frappa le Templier du coude, entre les pièces d’armures. L’impact lui coupa le souffle et l’autre guerrier en profita pour lui faire une estocade dans le bras. Baner frappa du bouclier sur le guerrier à l’épée, et une explosion de lumière sombre l’envoya rouler sur le sol. L’autre guerrier au marteau lui fracassa les jambes avec la hampe de son arme. Baner se retrouva au sol et d’un geste désespéré il para le marteau, en prit le contrôle avec son bouclier avant de le relever, et de planter sa lame dans le plastron de son adversaire. Encore une fois la lumière sombre projeta l’autre guerrier à terre, loin du Templier.
Trois flèches enfoncèrent son plastron, Baner chancela. Il continua à monter, son bouclier le protégeant contre le déluge de flèches que lançait sa future victime. Il leva son épée qui lança une boule d’énergie sur le rôdeur. Le Rôdeur ne broncha pas et la lueur noire se dissipa au contact de son corps, comme s’il était fait de lumière pure. Une flèche de feu atteignit Baner, englobant son bouclier magique et chauffant l’intérieur de sa protection. Puis se fut une flèche empoisonnée, qui frappa le bouclier en répandant un nuage nauséabond et toxique. Son ennemi maitrisait parfaitement les énergies naturelles, une tornade se déclencha près du templier qui dut fermer les yeux et lutter contre la bourrasque. Enfin il atteignit le rôdeur, et abattit sa lame runique sur son corps. D’un bon le rôdeur esquiva et frappa avec son arc sur le flanc de Baner. Le choc l’envoya rouler à terre et lui fit lâcher son bouclier. Du sang coulait de sa bouche, il regarda le bouclier à terre et essaya de le rattraper. Le rôdeur se dressait de toute sa hauteur devant lui, il empoigna le bouclier avant le Templier et à son contact, il explosa dans un éclat de lumière vive. La rage emporta Baner, il se releva et enchaina des attaques compliquées, des bottes mortelles et vives. Il voulait à tout prix toucher le rôdeur et lui montrer sa supériorité, il était lui aussi un champion, il défendait sa terre et son royaume. Une puissance ténébreuse l’emportait de plus en plus, à chaque coup ou chaque flèche qu’il recevait sa fureur magique augmentait. Le rôdeur en face esquivait tout en tout sens, tirant les flèches plus vite que lui ne pouvait agiter son épée. Même sa lame paraissait redouter l’esprit et le corps de son adversaire, comme si elle savait qu’il était béni par les dieux.
Autour d’eux les combats faisaient rage, les derniers Templiers luttaient avec les Oubliés dans un combat sans merci. Les deux armées avaient laissé un cercle autour des deux champions, acclamant les coups de chacun. Encore une fois Baner fut jeté à terre, jamais il n’avait rencontré un adversaire aussi puissant. Alors qu’Ethil le croyait vaincu, le Templier se releva et libéra toute ses ténèbres dans son attaque. Ethil leva son arc pour parer le coup et de la lumière jaillit pour le protéger. Les deux héros luttaient pour briser le bouclier de l’autre, la victoire irait à celui ayant la plus grande détermination et la plus grande volonté. Le Templier, ivre de douleur et de colère, déchaina une puissance telle que le halo devint incontrôlable, des flammes noires en jaillissaient et frappaient ceux qui passaient tout proche. Ethil ferma les yeux et se concentra, il luttait avec son esprit pour repousser la force grandissante. Il pensa aux dieux et à Kormir, qui l’accompagnait, il en était sûr. Peu à peu, la lumière blanche prenait de l’ampleur. Elle dévora les bras du Templier qui hurla de douleur, elle se rapprochait de son cœur. Dans un sursaut de vie, Baner libéra toute sa puissance. L’explosion magique en fut dévastatrice, Ethil se sentit catapulter dans les airs, tout comme le reste de l’armée. Une seconde après, ils touchaient terre. Baner était à genoux, son corps tremblait de partout, et il n’avait plus d’arme. Il vit le rôdeur s’avancer. Il leva la tête et croisa son regard bleu acier, qui lui transperça la chair aussi bien que la lumière le faisait. Ce héros représentait tout ce qu’il n’était pas et avait abandonné. Il regrettait d’avoir servi Menzies, et voyant à quel point les hommes encourageait le rôdeur il en fut jaloux. Le rôdeur banda son arc d’une flèche blanche et éclatante de lumière. Il savait ce qu’il allait faire et pendant un instant, Baner admira le héros et pleura. Une seconde après, son esprit fut désintégré dans un nuage de lumière divine, et il ne vit plus rien.
Les hurlements de la victoire entouraient Ethil. Les Oubliés le félicitèrent de sa victoire sur le commandant adverse et le prenaient dans leur bras. Il ne restait plus personne qui pourrait s’opposer à leur victoire, le dernier défenseur de la plaine gardant la forteresse venait de tomber. Les membres de l’Ordre des Soupirs pénétrèrent dans la forteresse, accompagnés des autres héros de la compagnie d’Ethil. Ce dernier resta en arrière, et leva les yeux sur les remparts. Des archers margonites subsistaient, et le rôdeur entreprit de les abattre. A chaque fois qu’il relâchait la corde, un margonite dégringolait du rempart. Les catapultes continuaient à faire feu sur les remparts, martelant l’acier noir comme un marteau sur l’enclume. Ethil pénétra à son tour dans la forteresse, et observa la scène. Des groupes de combattants agissaient séparément, traquant les ennemis et livrant un combat acharné dans les escaliers et devant les portes. Son groupe était le plus avancé, rien ne leur résistait. Soudain, Ethil aperçut une forme imposante qui montait les escaliers, comme une ombre disparaissant dans les ténèbres. Sans rien ne dire à personne, il la suivit, marchant à pas légers pour ne pas être découvert. Il arriva près de la première marche et leva la tête pour apercevoir la forme. Elle était énorme, dépassant de plusieurs fois un humain, et ses épaules, situées à plusieurs mètres du sol avaient la largeur de plusieurs fois celles d’un troll. Ses longs bras pendaient presque jusqu’au sol, lui donnant un aspect primitif et barbare. Sa peau était grise et parcourue d’ondes violettes. C’était Mallyx. A peine Ethil avait formulé cette pensée qu’un esprit froid, cruel et d’une intelligence aigüe lui déchira le crâne. Il sentit sa présence dans son esprit, la conscience lui remémorant les souvenirs les plus tristes et les plus malheureux de toute son existence. Puis le rôdeur sentit un rire glacial qui éclatait au fond de sa tête, un rire qui se transforma en une voix perçante :
« Crois-tu vraiment que tu puisses lutter contre le Seigneur de l’Angoisse ? Je vais te torturer Ethil le héros, Ethil l’envoyé de Kormir, Ethil le lâche. Vois, tu as abandonné tes amis dans ma forteresse, ils mourront tous pendant que toi, dans ton orgueil, tu veux me tuer à toi seul. Tu es un poltron, un menteur et un piètre combattant. Tu détruis des armées seulement parce que ta Déesse te prête sa force. Sans elle tu ne serais rien de plus qu’un soldat avec un arc. Ta victoire sur Baner n’est pas légitime, il t’aurait détruit en moins d’une seconde sans l’aide de ta Déesse. Sans Elle ta peur aurait pris le dessus et tu te serais enfui comme un lâche, pendant que le puissant Koss et le courageux Goren – oui je connais leur nom – l’aurait affronté comme des hommes. Mais tout ceci est fini maintenant ! Puisque tu as eu l’audace de venir seul, tu seras désormais tout seul. Prépare-toi à perdre tout tes pouvoirs ! »
Sans avertissement Mallyx se retourna, son visage hideux et informe se révélant au Rôdeur. Avant que celui-ci ne puisse agir, le Seigneur de l’Angoisse joignit ses mains et une sphère d’un bon mètre de diamètre s’échappa du creux de ses paumes démoniaques. La sphère projeta Ethil dans les airs, il dégringola de l’escalier s’arrêtant à quelques marches du premier étage. Une porte claqua en hauteur, et le jeune homme perçut que quelque chose avait changé. Tout ses membres étaient ankylosés, ses jambes étaient courbaturés, et du sang s’échappait de son nez et de son front. Une lumière vive irradiait dans son crâne, il était à la limite de la conscience. Mais le plus effrayant, c’était que pour la première fois dans ce royaume maudit, il ressentait la peur. La peur se transforma en angoisse, et elle fut rejointe par des dizaines d’autres émotions négatives. Mallyx avait raison, il était un lâche et un menteur. Tous les exploits qu’il avait accomplis ne lui venaient que du don de Kormir. Il avait abandonné ses compagnons, et de toute manière il ne servirait à rien, il était aussi doué au combat qu’un paysan. La culpabilité commença à le ronger, il s’apitoya sur son sort, maudissant Kormir qui l’avait abandonné. Bientôt, il se roula en boule, la tête entre ses mains. Il se perdit dans ses pensées, toujours conscient mais à moitié ailleurs.
Son esprit s’évada, il traversa les airs jusqu’au ciel franchissant les nuages comme s’ils n’existaient pas. Il était libre dans l’éther ! La sensation dépassait tout ce qu’on pouvait imaginer, maintenant qu’il volait il appréciait le moindre souffle du vent. Puis son esprit s’arrêta, se posant sur un groupe de nuages. Tout resta immobile pendant des heures, jusqu’à ce qu’un bruit se fasse entendre. Un bruit de pas. De plusieurs pas. Un escalier de lumière se forma et de là descendit cinq hommes et femmes vêtus d’habits de lumière. Le panthéon des dieux était au complet – ou presque - Dwayna au centre, Balthazar et Grenth l’entourant et Lyssa et Melandru fermant la marche. La Déesse ailée prit la parole, sa voix douce et enchantée résonnant dans l’immensité du ciel. A chaque fois qu’elle parlait, une fontaine de lumière explosait quelque part, apportant la joie et l’allégresse sur le monde :
« Ethil, nous avons entendu ton appel. Ne te tourmente plus, tu n’as pas besoin de Kormir ou d’aucun de nous pour vaincre Mallyx. Ses paroles sont fausses, ton cœur est bon et tes prouesses dignes de tout ce que nous pouvions espérer. Mais dépêche-toi, si Kormir t’a abandonné c’est qu’elle n’a plus la force de t’accompagner, Mallyx est en train de l’évincer de son trône.
En pensée, le rôdeur s’entendit dire :
- Mais Déesse, je n’ai plus la force, je…
- Plus la force ? Si ce n’est que ça… le coupa Balthazar, son rire roulait comme le tonnerre qui se déchaine sur la plaine.
L’homme – le Dieu – était tout simplement magnifique dans son armure de plates, une épée de feu pendant à son côté et son visage encadré de courts cheveux blonds cerclés d’un anneau d’or. Dans ses yeux grondaient la colère du feu et le courage du guerrier. Une vague de chaleur se répandit dans l’esprit du rôdeur, puis le Dieu parla :
- Va maintenant Ethil, quand tu te réveilleras ton corps sera de nouveau prêt au combat. Mais quel sera ce combat, et quel en sera l’issue, seul toi pourra le déterminer. »
Le rôdeur eut la désagréable sensation qu’il était en train de chuter, l’air autour de lui était brassé avec force. Son corps tournait dans tout les sens, le sentiment de joie qu’il éprouvait dans les airs s’était transformé en haut le cœur. Bientôt il se sentit toucher terre, il percuta le sol avant tant de force qu’il pensait qu’il allait mourir. Cependant il se releva comme si de rien n’était et réfléchit. Il était bien plus conscient de son corps qu’avant, il percevait les battements de son cœur encore affolés par la chute et l’adrénaline qui lui montait au cerveau. Il pensa aux paroles de Mallyx, puis se remotivant il se dit intérieurement « Il me met au défi. Je vais lui montrer que même sans Kormir, je serais toujours son plus grand ennemi. Aussi longtemps qu’il vivra, je veux qu’il me craigne ». Le rôdeur s’adopta un air féroce regardant fixement le haut de l’escalier. Il voulait que Mallyx se rende compte qu’il n’était pas l’humain aussi lâche qu’il décrivait. Il aurait voulu hurler dans toute la tour que c’était lui le plus fort.
Ethil regarda la première marche de l’escalier. Aussitôt l’adrénaline reprit le dessus, et le rôdeur courut à toute vitesse, sautant de marche en marche. Il savait que s’il s’arrêtait, la peur reprendrait à tout moment le dessus. En haut du deuxième étage, la porte était fermée. Le rôdeur tambourina dessus, frappa la moindre parcelle de métal qu’il pouvait atteindre. La porte tenait bon. Il cria, s’énervant dessus, avant de se calmer en une fraction de seconde. Il réfléchit, et une idée folle lui vint à l’esprit. Il lui fallait agir vite, il sauta les marches quatre à quatre et arrivé au premier étage, il mit une main sur la rambarde, l’enjamba avant de sauter jusqu’au rez-de-chaussée. Il plia les jambes avant la chute et la douleur qu’il attendait ne vient qu’à moitié, juste assez pour lui couper le souffle mais pas assez pour l’arrêter. Il reprit sa course folle, percutant des fois un Oublié ou un ennemi. Il sortit de la forteresse et s’aperçut qu’il était le seul humain sur la plaine. Tout les autres étaient à l’intérieur en train de risquer leur vie et lui il était là, seul, à organiser un plan fou pour tuer Mallyx. « Suis-je vraiment un lâche ? Pourquoi devrais-je à tout prix tuer Mallyx seul ? Et s’il avait raison, si ma gloire passait avant tout ? ». En écho, une voix plus forte et assurée lui répondit « Et bien ce sera ta gloire ! Tu sais que tu en es capable, tu as toujours rêvé de prouver au monde tes talents ! C’est le moment ou jamais, pendant qu’eux lutte pour survivre, toi tu luttes pour la survie de tous. Ton combat est bien plus dangereux que le leur, et s’il y a bien une personne qui a assez de courage pour le faire c’est toi ! ». Le rôdeur leva la tête, et essaya de distinguer le haut de la Citadelle d’Ebène. Peine perdue. Talkhora sortit en courant de la forteresse, le rôdeur l’attendit de pied ferme, admirant la jeune femme qui courrait à sa rencontre.
« On m’a dit que tu étais là, que fais-tu, pourquoi ne viens-tu pas nous aider ?
Sa voix était douce mais Ethil ressentit comme un coup de poignard au cœur. Cette voix l’accusait. Le jeune homme explosa de colère intérieurement et il parla d’une voix forte, d’une voix de feu. Talkhora lut la détermination et l’ambition avant même qu’il ne prenne la parole, et dans ses yeux bleu-gris brûlaient un feu que personne n’arriverait à éteindre. Indomptable. Le mot était bien trouvé. Le rôdeur était indomptable.
- Et bien regarde bien Princesse ! Souviens-toi de ce jour comme celui où Ethil abattra Mallyx seul et celui où il a sauvé une Déesse. Mais pas pour la gloire, pour le bonheur de mes frères. »
Avant que la Princesse ne puisse répliquer, le rôdeur posa son sac à dos à terre, ainsi que les pièces d’armures trop lourdes. Il recula de quelques pas sans arrêter de fixer la paroi de la Citadelle. L’instant d’après il s’élança, sautant sur le métal noir et s’agrippant à ce qu’il pouvait. Il escaladait la Citadelle, cherchant ses prises comme un assassin cherche ses proies. Des fois il sautait, s’élançant d’un bond prodigieux et se rattrapant de justesse aux bords d’une corniche. En bas, Talkhora était médusée. Elle observait le prodige d’adresse et de courage du rôdeur qui savait qu’à la moindre chute, il serait mort.
Sur la paroi de la forteresse, le rôdeur se rendit bien compte que son plan était ingénieux, mais qu’il lui faudrait être plus que chanceux pour atteindre son but. Sur la plaine, on ne pouvait sentir aucun souffle de vent. Déjà à quelques dizaines mètres de hauteur, Ethil devait lutter pour ne pas se laisser emporter par une bourrasque. Son arc lui cognait sur la tête à la moindre rafale et il avait manqué de s’embrocher cinq fois sur les piques de la forteresse. Son ascension était presque terminée, il ne devait s’arrêter qu’au troisième étage. L’escalade lui avait fait oublier tout ses sentiments, il ne ressentait plus que de l’adrénaline et les battements de son cœur qui jouait un hymne au courage et à la victoire. Un margonite défilait sur le balcon de l’étage, Ethil se cacha et attendit qu’il tourne le dos. Lorsqu’il le fit, le rôdeur abandonna sa peur et sauta d’un bond. Il atterrit juste à côté du démon qui se retourna juste à temps pour voir un poing lui fracasser le crâne. Le margonite chancela, et Ethil le poussa dans le vide.
« De la part d’Ethil le lâche ! » hurla le jeune homme en se penchant pour apercevoir la chute. Le rôdeur arpenta le rempart et tua tous ceux qui le gardaient, balançant les corps dans le vide pour ne pas alerter des gardes qui passeraient par là. Puis le rôdeur pénétra dans la pièce. Haute et vide, elle n’était pas gardée si ce n’est pour l’escalier, où deux soldats d’élite de Menzies – sûrement les derniers de tous, pensa Ethil – se tenaient droits. Ils l’aperçurent et le pointèrent du doigt en l’apostrophant dans leur langue sombre. D’un geste théâtral, le rôdeur dégaina du fourreau deux lames brillantes et murmura :
« C’est le moment de voir si mes facultés me venait de Kormir ! »
Le rôdeur courut à toute vitesse, levant ses deux armes au dessus de sa tête et hurlant pour se donner du courage. Le vent filait sur son visage, ses jambes semblaient portées par une ivresse soudaine, comme si tout son corps voulait connaître la vérité et résonnait du feu de la bataille. Les deux soldats d’élites se moquèrent de lui, ils mesuraient bien deux têtes de plus que le jeune homme, leurs épées étaient magiques et leur bouclier étaient renforcés de terribles enchantements démoniaques. Ils se campèrent malgré tout sur leur position, les épées prêtent à embrocher l’humain.
Ethil n’était plus qu’à un mètre des pointes des épées quand il effectua un saut en avant, parant les deux épées qui cherchaient à le mordre. Il ra territ derrière ses adversaires et tout en en repoussant un du pied il abattit avec une rapidité surprenante deux fois deux coups sur l’autre. Le premier coup rencontra la lame de son adversaire, le second le bouclier. Puis le troisième et le quatrième firent mouche et les lames crissèrent en s’enfonçant dans la poitrine du soldat d’élite. Etonné par sa propre vitesse et sa lucidité dans le combat, il ne vit pas l’autre soldat se relever et lui abattre son épée sur le crâne. Par pur réflexes, le rôdeur para le coup à la vitesse de l’éclair. Interloqué, son adversaire frappa de nouveau avec une rapidité qui surpassait celle de n’importe quel humain. Ethil para la lame, la repoussa d’un grand geste du bras et enchaîna une série de coups compliqués. Au final, l’humain remporta la victoire, bloquant la lame de son adversaire sous son pied, il lui coupa les deux bras avant de lui trancher le torse et la tête. Le corps s’effondra en plusieurs morceaux sur le sol de marbre. La facilité avec laquelle il avait éliminé ces deux soldats d’élite lui mit du baume au cœur, leur mort ne le réjouissait pas, aucune mort n’était réjouissante, mais il savait désormais qu’il était un grand guerrier et que rien ne changerait cela.
Il grimpa les escaliers menant vers le haut de la tour, rencontrant parfois un margonite qui s’effondrait avant de tomber dans l’escalier en contrebas, le torse tranché de parts en parts. L’escalade était longue, c’était comme si le rôdeur montait dans une tour céleste, chaque pas le rapprochant un peu plus du ciel et des dieux, mais au final ce n’était pas les dieux qui l’attendait, mais Mallyx. Il ne fallait pas qu’il y pense maintenant, la peur n’arrivait toujours pas à le prendre et il ne fallait pas qu’elle le détourne de son but. Le rôdeur poursuivit son ascension jusqu’à ce que ses jambes lui fassent mal. Enfin le rôdeur atteignit le haut de la tour, un temple à ciel ouvert au milieu des étoiles, au-dessus des nuages. De là le rôdeur pouvait voir tout le tourment, il apercevait la porte de la douleur, la porte de la peur et la porte de la folie. Il voyait les cités margonites s’élevaient dans les airs comme des villes flottantes et enfin il aperçut la voûte céleste plus étoilée que jamais, chaque parcelle de vide était entourée d’une dizaine d’étoiles blanches, violettes ou bleues. Kormir était encore forte ! S’appuyant sur cette pensée, le rôdeur s’approcha d’un miroir qui reposait au milieu du temple. Le jeune homme y aperçut son reflet qui était déformé par la haine et la peur. Les traits de son visage lui étaient moins familiers, comme si un artiste les avait modifiés pour que lui-même paraisse terriblement puissant et fort. Son reflet avait un rire sadique prenant plaisir à tourmenter ses ennemis et rigolant en leur ouvrant le ventre à coups d’épée. Etait-ce ainsi qu’il était ? Dans un geste involontaire Ethil toucha le fourreau près de sa ceinture pour s’assurer que la lame était encore dedans. Elle y était.
Une voix cruelle s’insinua dans sa tête, résonnant plus que jamais.
« Oui c’est toi ! Ce miroir reflète la personnalité Ethil, peut-être es-tu plus puissant que je le croyais mais tu utilise ta puissance comme je le fait : pour détruire des vies et pour le plaisir que ça t’apporte. Si tu ne me crois pas, descend et regarde les cadavres des soldats que tu as tué en bas. Tu ne t’es pas contenté de les tuer, tu les as anéantis ! Que tu le veuilles ou non, nous sommes semblable, le reflet l’un de l’autre, comme le reflet de ce miroir représente ta personnalité.
Ethil resta comme paralysé pendant cinq minutes, écoutant les moqueries et les sarcasmes de Mallyx. Le Seigneur de l’Angoisse portait bien son nom, il tourmentait son adversaire à l’aide d’images perverses déformant la réalité. Alors que Mallyx recommençait à parler, une autre voix s’agita dans l’esprit du rôdeur. Elle était faible, mais au final elle ne cessait de grandir en force :
- Tu n’es pas comme lui. Vous êtes puissants tous les deux, mais tu combats pour ta famille, tes amis, pour la Tyrie toute entière. Qu’importe que tu recherches la gloire en même temps de défendre ton monde ! Lui n’est qu’une pâle imitation de ce que tu es, son pouvoir est brisé. Bats-toi Ethil le Rôdeur, bats-toi en honneur de la Déesse Ailée ! Ethil Cùthalion, le champion de Dwayna.
D’un coup, l’image du miroir changea. Mallyx se tut, ne comprenant pas le phénomène. Il essaya de remettre l’image à son était initial mais c’était peine perdue : le rôdeur était déjà en train de la modifier. Une image nouvelle d’Ethil se forma, ses traits étaient plus doux, moins agressifs. Au lieu de l’aura de puissance meurtrière qu’il y avait avant, une aura de confiance sans faille l’entourait. La peur avait abandonné le reflet, on ne pouvait lire que le courage et la détermination, une détermination inflexible et indomptable. Indomptable. Peu à peu, l’image s’anima, Mallyx contemplait le rôdeur au milieu d’une plaine verdoyante, une épée de lumière brandie dans sa main, une bannière représentant des griffons ailés entourant Dwayna au centre de la bannière, une horde de soldats équipés d’armures blanches et argentés, leur casque ailé luisant dans un soleil jeune et puissant. L’Ethil-image posa la bannière, la plantant de toutes ses forces dans le sol. Puis il ramassa un casque à ses pieds, et le mit sur sa tête. Comme dans un rêve, il leva l’épée et un rayon de lumière en sortit. Non, il n’en sortait pas. Il descendait du ciel et venait frapper l’épée. L’angoisse changea de camp, et ce fut au tour de Mallyx de ressentir la peur. Tout puissant qu’il était il craignait cette vision. Sa colère prit le dessus, il sortit de sa cachette et appela le rôdeur :
« Ce n’était qu’une illusion pauvre mortel, jamais ça ne ce réalisera. Je te tuerai toi, je renverserais Kormir. Puis ce sera au tour de Dwayna. Et enfin je m’abattrais sur ta patrie Ascalon, avant de détruire ta famille, tes amis, ceux… ou celles que tu aimes. Viens à la mort ! »
Le grand Margonite ouvrir grand la bouche et hurla de toutes ses forces. La puissance du cri était telle que les vitraux du temple éclatèrent, du ciel tomba un coup de tonnerre et l’écho résonna dans tout le tourment. Même Brill n’aurait pu pousser un cri d’une telle puissance. Après son cri, Mallyx se releva de toute sa hauteur, cachant les lumières des étoiles. Il était énorme ! Le Seigneur de l’Angoisse croisa ses bras mesurant plusieurs fois un tronc d’arbre. Un halo violet se forma entre sa peau, emplissant à chaque instant. Ethil en profita pour décocher des flèches mais aucune ne trouvait sa cible, elles étaient mystérieusement déviées à chaque fois qu’elles touchaient le démon. Le halo s’éteignit, puis le temple vola en éclat. Une vague de lumière sortit du corps de Mallyx, suivi par des dizaines d’autres. A chaque vague, le rôdeur était repoussé de plus en plus loin. Le sommet de la citadelle était grand, mais au final il n’avait aucune chance d’échapper à la chute. Bientôt le bord approcha. Le jeune homme comprit qu’une seule solution pourrait le sauver. Il se laissa emporter par la vague, tout son corps décolla du sol et il ressentit la merveilleuse sensation de l’air. En altitude, les courants étaient tellement forts qu’à peine il avait décollé du sol que les vents le portaient déjà. Une bourrasque plus puissante le ramena à terre. Sa cheville fut la première à heurter le sol métallique de la citadelle. L’os ne tourna pas mais le choc et la hauteur de la chute firent le reste : il ne pouvait plus que boiter.
Mallyx avait perdu de vue son adversaire. Il ne pensait pas que le rôdeur serait assez fou ou audacieux pour tenter un tel acte. Lorsqu’il vit l’humain retomber, le démon hurla de rire :
« C’est ça le grand Ethil ? Un rôdeur volant qui boite dès la première petite blessure ? Je vais t’apprendre une autre forme de douleur… Margonites ! Ecrasez-moi cet infirme ! »
D’un vortex sortirent toute une compagnie de démons en armures, la plupart portaient une épée et un bouclier. L’un d’eux disposait d’un javelot. Ils entourèrent le rôdeur aussi sûrement qu’une meute de loups entoure une biche blessée. Le rôdeur se releva, il sortit son épée en tremblant, et cria :
-Reculez ! Reculez ou vous êtes morts ! Le premier qui approche mordra la poussière !
Le jeune homme était acculé. Il tenait sa lame de manière renversée, imitant les tengus. Il tournait autour de lui-même attendant qu’un margonite ose s’approcher. Le commandant du groupe lança son javelot, le rôdeur mit sa lame en opposition, le tranchant légèrement incliné. La parade était parfaite, en plus de dévier le tir, Ethil l’avait réorienté. Le trait percuta de plein fouet l’un des margonites en armure transperçant son énorme plastron et pénétrant sa chair. Il s’effondra la main plaquée sur son torse et avant que son corps ne tombe, un margonite s’élançait sur le rôdeur bien plus petit que lui. Ramenant son poignet en arrière Ethil trancha la gorge du démon, laissant la marque de la lame dans sa peau. Le margonite resta figé, comme surpris que sa gorge n’arrive plus à respirer. Il tomba à la renverse et son corps dégringola de la Citadelle d’Ebène. Puis les derniers démons s’avancèrent en file, résolu à venger leurs camarades. Le premier leva son arme et Ethil lui lança son épée de manière inverse, la garde en haut et la lame en bas. Surpris que son adversaire se débarrasse de son arme il ne put parer le coup. L’épée remonta dans son torse en y restant accroché. Le jeune homme la lui arracha du corps et reprit son arme dans la bonne position. Il plia deux doigts, fit passer la poignée entre les doigts restants et tourna le poignet de gauche à droite. Petit à petit l’arme gagna en vitesse, jusqu’à atteindre son maximum. On ne distinguait plus qu’un cercle étincelant qui tournait entre la main du rôdeur. Il avança d’un pas. Les margonites reculèrent d’un autre pas. Il avança de deux pas, les margonites firent de même. Puis il avança d’une dizaine de pas et son épée frappa le premier margonite et le tua aussi sûrement que la lame ne s’arrêta pas. Il continua d’avancer, tranchant les margonites les uns après les autres. Les démons ne savaient pas comment riposter puisqu’ils n’avaient jamais vu une lame aller aussi vite. Le dernier se rendit. Surprit, le rôdeur arrêta son geste. Son adversaire saisit sa chance et leva son épée brillante pour frapper. Ethil prit son arme de la main gauche et d’un revers il l’opposa à celle de son adversaire. Tel un danseur il tourna sur lui-même, arrachant la lame de son adversaire au passage, et reprit son épée à deux mains avant de l’abattre perpendiculairement au cou de son ennemi. L’épée trancha la chair jusqu’à l’os et le sectionna, la tête roulant sur le sol.
Mallyx qui observait depuis tout le temps le combat cessa de rire. Le rôdeur ne le savait pas mais il venait de détruire sa garde rapprochée. Le Seigneur de l’Angoisse décida qu’il était temps de réduire à néant le mortel. Il hurla de nouveau, son cri déchirant le ciel même et provoquant une violente bourrasque. Il frappa de ses deux énormes poings sur sa poitrine imposante, tel un gorille des forêts d’Elona s’exhortant pour plaire a une femelle, et il chargea. Sur deux pattes, le grand démon était terrifiant et gigantesque. Sur quatre pattes, on aurait dit un minotaure géant du désert en pleine course. Ethil n’eut pas le temps de s’écarter, Mallyx le percuta de plein fouet. Le choc était d’une puissance démoniaque et alors que le rôdeur quittait le sol, une main géante le frappa. Le rôdeur s’écrasa de tout son long sur le métal, du sang coulant de sa bouche. Il se retourna sur le dos, juste à temps pour voir un poing s’écraser juste à côté de son visage. Il se releva en titubant, puis un bras le frappa et l’envoya dans les airs. Le jeune homme tomba du sommet de la Citadelle et se rattrapa de justesse à un pique qui trainait là. Derrière-lui il pouvait voir une foule massive d’Oubliés, de membres de l’Ordre qui – il en était sûr – le regardait. Ils avaient triomphés, la Citadelle leur appartenait. Maintenant c’était à lui de remporter son combat. Un éclair déchira la nuit, illuminant le ciel au-dessus de lui. Mallyx était penché et le regardait. Il lança sa main en avant pour attraper le rôdeur, mais celui-ci sauta et dégaina deux épées de derrière son dos en les abattant de toutes ses forces sur le bras encore tendu. Les lames touchèrent la cible en séparant presque le poignet du bras. Le démon retira vivement sa main en grognant de douleur, tel un animal blessé. Avant qu’Ethil puisse le frapper de nouveau, un mur magique se forma et expulsa le rôdeur. Trop tard. Ethil avait déjà balancé une de ses deux lames dans la tête de Mallyx. L’épée toucha le démon juste au haut du crâne, pas assez fort pour le tuer mais assez pour le faire saigner. Des gouttes de sang de la taille d’un bouclier tombaient désormais de sa tête. Ethil fonça. Avant que Mallyx ne reprenne ses esprit il lui sauta au cou – lui plantant sa lame en passant avant de la retirer – et monta sur son dos. Il retira la lame encore fichée dans le crâne du démon et transperça de part en part la colonne vertébrale maléfique. A chaque coup Mallyx hurlait de douleur, se balançant dans tout les sens pour se débarrasser du rôdeur. Ethil tenait bon, criant à chaque coup porté et répétant « de la part d’Ethil le lâche ». Le sang qui giclait était puant et dégoulinant, le rôdeur commençait à avoir la nausée. Il allait donner le coup de grâce… quand Mallyx libéra sa puissance magique. Une bulle se forma et éjecta le rôdeur dans les airs, à plusieurs mètres de là, sur l’autre bord de la Citadelle. Une de ses épées disparut dans les ténèbres de la nuit, l’autre lui cogna la tête. Le rôdeur se retourna sur le dos, la blessure n’était pas grave mais il sentait la mort approcher.
Il regardait fixement les étoiles à demi-cachées par un voile blanc. Le ciel s’entredéchirait, des éclairs descendaient par dizaines du haut de nuages faisant des kilomètres de hauteur. Un éclair plus gros que les autres illumina tout le tourment, pendant un bref instant le rôdeur vit une plaine verdoyante. L’image passa aussi rapidement qu’elle était venu. Il ne pouvait plus bouger. Il ferma les yeux et pensa à sa vie, à qui il était vraiment et surtout… pourquoi il combattait. Il combattait pour la liberté, pour l’amour des dieux et pour ses amis. Il se remémora ses jeunes années à Ascalon, comment il avait voyagé aux quatre coins du royaume, s’émerveillant de la beauté automnale du paysage. Puis il se souvint de ses frères d’armes, avec qui il avait combattu à Ascalon, pour Ascalon. La douleur quand il perdait ses proches, massacrés par les charrs. Comment il devint de plus en plus habile, et ses compagnons de moins en moins nombreux. Le jour où il avait perdu tout son groupe et où il avait du combattre seul contre une armée de charr entière. Et puis le jour de la Fournaise où son monde explosa en mille morceaux, où le joyau de lumière qu’était Ascalon bascula dans l’ombre… tout comme lui. Et voilà que maintenant il combattait dans la lumière contre l’ombre.
Petit à petit il se relevait. Il mit une main par terre, puis l’autre. Il releva un genou et la tête avant de regarder devant lui. Mallyx était à quatre pattes, à la limite de l’effondrement. Le démon riait car il percevait le moindre des doutes du rôdeur, il ne se doutait pas qu’il puisse venir lui porter le coup fatal. L’esprit du Seigneur de l’Angoisse lui adressa un rire narquois :
« Alors pour qui combats-tu rôdeur ? Tu as enfin trouvé la réponse à ta question ? Pour l’Ordre des Soupirs ? Cette bande d’humains qui croient détenir la vérité … Pour Kormir ? Cette usurpatrice, elle n’a que l’infime puissance de mon ancien maître. Rends-toi à l’évidence, tu n’as aucune raison de combattre. Tu veux juste assouvir ton besoin viscéral de gloire et de carnage.
-Non ! J’ai trouvé la réponse. Pour mes frères d’armes, pour ceux que j’aime. Et pour ma patrie de toujours… pour Ascalon !
Il dégaina son épée et la leva le plus haut possible au dessus de sa tête et commença à marcher dans la direction de Mallyx. Petit à petit le voile blanc devant ses yeux se dissipait, ses jambes ne lui faisaient plus mal. Il essaya d’accélérer le pas. Il faisait plus de distance à chaque foulée et plus de foulées à chaque instant. Bientôt sans s’en rendre compte il avait atteint la moitié du plateau. Comme si une limite était rompue il porta son corps en avant. Il courut plus vite que jamais, ses deux pieds ne touchant presque jamais le sol. Le vent sifflait à ses oreilles, il aimait la vitesse, il était jeune et fort. A chaque pas il sentait la puissance de ses muscles. Rien ne comptait plus que l’ivresse de la course. Mallyx ne se trouvait plus qu’à quelques mètres. Il bondit en avant tel un faucon, doublant encore son élan. Mallyx essaya de l’attraper avec son bras mais le rôdeur sauta et se fendit tout en avant. Il atterrit pied joint sur la tête du Seigneur de l’Angoisse. Il leva l’épée à deux mains, et la vision du miroir s’accomplit. Une lumière blanche et éclatante tomba du ciel, lourde de présages et d’avertissement, et frappa la garde de l’épée. Aussitôt le jeune homme ressentit une force plus grande que jamais, une force qui le mènerait au bout du monde, une force qui pouvait éradiquer ses ennemis et délivrer ses alliés. Il abattit pointe en avant l’arme divine sur la tête du Seigneur de l’Angoisse. Alors la lumière s’intensifia, les nuages noirs et lourds dans le ciel s’écartèrent et un trou se forma. De là jaillit toute la puissance des dieux en une vague de feu blanc qui menaçait de s’écraser sur le monde. Ethil eut peur, il sauta du corps de Mallyx qui menaçait d’exploser à tout moment et il dégringola dans les escaliers de la tour. La chute dura très longtemps, sa tête cognant parfois le rebord d’une marche en lui arrachant une plainte sourde. Puis arrivé en bas, il entendit une explosion telle que jamais il n’en entendrait d’autre, suivit de la clameur d’une foule en liesse et du tapage des épées cognant sur les boucliers.
Une voix de femme retentit dans sa tête :
« Ethil Cùthalion, Champion de Dwayna vient de terrasser Mallyx l’Impitoyable, Champion d’Abaddon. »
Puis, ce fut le noir.
Ceci n'est que le début des aventures d'Ethil Cùthalion, champion de Dwayna... à moi de vous raconter la suite, à vous de la vivre 
Mar 28 Sep - 21:20
et deuxième chose une demi-heure de repos, où rien ne se passe, ça fait long.
, j'ai déjà posté sur le forum AM mais disons que ce genre d'histoire je doute que ça leur plaise 
. Pour le forum Univers Virtuels... pourquoi pas les prochaines aventures